Paru en septembre, le dernier ouvrage de notre écrivain bacalanais est surprenant à plus d’un titre. Disons le d’emblée, nul besoin d’être « fan » du chanteur pour apprécier ce livre qui nous replonge dans les six ou sept dernières décennies. En nous éclairant sur les faits de société qui traversent les chansons de l’artiste, l’auteur interroge les douleurs, les débats, voire les tabous de nos existences. Cet éclairage est précieux, tant certains textes métaphoriques ont été mal compris du public. Pour Daniel Pantchenko « Aznavour a d’abord été perçu comme une vedette de variétés, une star du showbiz. Chez lui, quelques grands arbres très populaires ont en partie caché une forêt qui lui tenait à cœur, à propos de droit à la différence, d’alcoolisme, de drogue, de viol, de handicap ou d’idolâtrie ». Dans la biographie publiée en 2006, l’auteur nous racontait le parcours, les facettes de l’artiste, la star planétaire. Dans ce livre intitulé À contre-courant, il nous fait découvrir l’homme dans sa profondeur. En préface, le texte Écrire d’Aznavour est remarquable et devrait (sans exagération) figurer aux frontons de nos bibliothèques.
Sur le ton de la confidence
L’auteur et ancien journaliste a de nombreuses fois interviewé l’artiste* à l’exceptionnelle longévité. La confiance professionnelle qui s’est bâtie au fil des ans influe indéniablement sur la façon dont Charles Aznavour se livre ici. Entamés un an et demi avant sa mort, ces entretiens confèrent à cet ouvrage un caractère particulier. S’il avait plein de projets, le chanteur avait aussi à cœur d’énoncer ses vérités.
Autre surprise, habitué aux éditeurs parisiens, l’auteur fait un pas de côté avec ce livre publié au « Bord de l’Eau » à Lormont, dans une collection (Le Miroir aux chansons) codirigée par Jean-Paul Liégeois, directeur éditorial de Daniel Pantchenko. Ce dernier ne cache pas sa satisfaction à propos de sa rencontre avec l’éditeur lormontais : « On a travaillé dans les meilleurs conditions et on est voisins ! Alors je m’implique au maximum pour faire connaître notre travail ».
Christian Galatrie